Un peu d'Histoire-Géo:

Depuis des temps immémoriaux, on tire de la tige du lin (plus précisément du péricycle) une fibre qui sert à la fabrication de tissus. En fait, le lin cultivé est tellement ancien qu'on ne le trouve plus à l'état sauvage. On le croit dérivé soit du Linum perenne, soit du Linum angustifolium.

Les anciens Égyptiens le cultivaient déjà et connaissaient bien sa fibre, ses qualités nutritionnelles et ses vertus médicinales. Pline l'Ancien mentionnait 30 remèdes à base de graines de lin. Celles-ci font encore partie de la pharmacopée officielle chinoise (constipation et peau sèche) et ayurvédique (furoncle et maladie du charbon (anthrax) en application externe), de même que de la médecine vétérinaire classique pour calmer les irritations des muqueuses enflammées.

En Europe, au début du XXe siècle, l'huile de graines de lin était livrée chaque semaine dans de petits contenants de verre, car on savait qu'elle rancissait rapidement une fois exposée à la lumière et à l'air. Cependant, dès les années 1920, l'industrialisation de la production des huiles a sonné le glas des petits pressoirs locaux fournissant des huiles fraîches et non raffinées. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'huile de graines de lin a disparu du marché, l'industrie la considérant trop instable pour être rentable. Depuis une dizaine d'années cependant, l'huile de lin pressée à froid et non raffinée a retrouvé ses lettres de noblesse, d'abord dans les magasins d'aliments naturels, puis dans certaines épiceries, dans les rayons réfrigérés.

Plusieurs grands producteurs d'oeufs ajoutent depuis quelques années des graines de lin à la moulée de leurs poules et commercialisent ainsi des oeufs enrichis d’acides gras oméga-3. Beaucoup de produits de boulangerie (pains, tortillas, gâteaux, etc.) et céréales à déjeuner contiennent des quantités variables de graines de lin.

Le Canada est le plus gros producteur et exportateur mondial de graines de lin avec une récolte annuelle de plus d’un million de tonnes. 

Avec 50 000 à 75 000 hectares selon les années, la France produit 75 % du lin mondial , à destination du tissage ( ou teillage). Cette position de leader tient à la disponibilité de terroirs très favorables à sa culture et aux savoir-faire techniques des liniculteurs et des teilleurs.

La France se situe au 1er rang mondial pour la qualité des fibres. Le lin normand, et surtout celui du Pays de Caux, a acquis une réputation mondiale du fait de sa grande qualité.

 

Le lin en Basse Normandie :

 Avec 15 % des surfaces nationales, la Basse-Normandie est la 3e région française pour ses surfaces en lin textile, derrière sa voisine haut-normande, leader national. Le Calvados concentre à lui seul la quasi-totalité du lin cultivé dans la région. Le lin trouve ses débouchés dans les coopératives linières ou teilleurs privés de la région.

 

Une céréale extrêmement polyvalente :

De l’habillement (pour le confort) au linge de maison (pour l'entretien) en passant par les sacs postaux, la ficelle (pour la résistance), les tuyaux à incendie (pour la solidité, la souplesse et l'étanchéité) ou les toiles de tente et les bâches (résistance à la déchirure), les débouchés du lin sont très nombreux et diversifiés. 

Avec 70 % des débouchés, les fibres longues de lin servent avant tout pour l’habillement, suivi par le linge de maison (15 %). Viennent ensuite la décoration, les revêtements muraux ou d'ameublement (10 %) et les tissus techniques, plus spécialisés (5 %). 
Les étoupes (fibres courtes) partent pour la papeterie ou en débouchés techniques. Les anas (résidus de paille) sont utilisés pour la fabrication de panneaux agglomérés ou de portes coupe feu (bon pouvoir isolant), mais aussi valorisés en litière pour chevaux (fort degré d'absorption) ou comme paillage écologique. D'autres débouchés sont apparus comme les matériaux composites dans le secteur automobile ou les utilisations à des fins énergétiques (chauffage à la biomasse et cogénération).

Les graines issues de la création variétale sont utilisées en semences. Les graines de lin, outre la semence, sont transformées en huile ou solvant qui constituent une base pour la savonnerie, les peintures ou les vernis. Les tourteaux issus du pressage des graines sont utilisés comme aliment pour animaux (forte teneur en Oméga 3). 

 

Deux lins différents : le lin oléagineux et le lin textile :

 

 La culture du lin oléagineux est différente du lin textile. Les variétés sont spécifiques pour chacun (recherche d’un maximum de graines pour le lin oléagineux et d'un maximum de fibres pour le lin textile). Le lin textile est cultivé dans les régions où l'été est doux et humide (notamment pour le rouissage au champ) alors que le lin oléagineux peut être cultivé partout.

Les débouchés pour l'huile du lin oléagineux sont d'abord industriels : peintures, savons, détergents, lubrifiants spéciaux, revêtements de sol… Les résidus de la trituration, les tourteaux, sont utilisés en alimentation animale. En raison de son profil lipidique particulier, le lin est reconnu pour ses effets bénéfiques. Il contient des acides gras poly-insaturés (Oméga 3) et son intégration dans l’alimentation animale présente un intérêt nutritionnel pour l’homme (prévention des problèmes cardiovasculaires). Les produits issus des animaux (viande, lait, oeuf) nourris avec des graines de lin bénéficieraient à l’homme qui les consomme.

   

 Sources :SSP : SAA ; Maison du lin, Association Lin Demain, Association Bleu Blanc Coeur